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La tradition catholique en Picardie


LE MODERNISME A LA VIE DURE
aburg (animateur@aspx.fr.fm) --- 2002-12-16 09:51:07

Si le saint pape Pie X, en publiant, le 8 septembre 1907, l’encyclique Pascendi condamnant le modernisme, avait pu deviner que moins d’un siècle plus tard des successeurs moins vigilants allaient abolir son œuvre et renverser les remparts qu’il venait de dresser contre l’hérésie, peut-être aurait-il usé des précautions prises en 1570 par saint Pie V : celui-ci, pour garantir au rite restauré de la messe la perpétuité, déniée par les conciliaires, avertit qui voudrait désobéir qu’il encourt l’indignation de Dieu et des apôtres Pierre et Paul. C’est clair et ferme.

Et voilà que le modernisme, ramassis sournois de presque toutes les hérésies antérieures, se déguise d’oripeaux nouveaux, fournis par Satan. On le retrouve aujourd’hui, toujours habile à jouer sur les sens différents que peuvent offrir les mots. Prenez, par exemple, cette simple locution, ressassée par l’engeance conciliaire : s’ouvrir au monde. Vous pouvez lui donner deux interprétations totalement opposées. Ce peut être l’attitude de l’Église qui donne à chacun la faculté d’accéder à ses richesses spirituelles, à ses sacrements, mission que le Christ lui a confiée. Inversement, ce sera se laisser gangrener par les miasmes du monde. Saint François de Sales avait là-dessus une opinion claire : Nous ne saurions être bien avec le monde qu’en nous perdant avec lui, appel à la prudence, qu’il imageait de cette jolie formule : les araignes gâtent toujours l’ouvrage des abeilles (Introd. IV, I).

Ces réflexions nous ont été suggérées par la lecture, le 3 octobre, d’une demi-page du Courrier Picard étalant complaisamment les idées, assez contestables, et le portrait, fort peu ecclésiastique, du nommé J-P Dalibot, dont on finit par comprendre qu’il s’actionne comme curé à Molliens-Dreuil et autres lieux, bien qu’il soit qualifié de « père » ; serait-il un ancien moine sorti de l’abbaye de Thélème, à le juger sur la pose qu’il affecte dans le gros portrait illustrant l’article. Illustrer n’est peut-être pas le mot congru, car le texte n’honore pas le personnage, qui use d’un langage cyniquement trivial et tranchant, choquant chez un clerc. Mais le modernisme suinte de partout, avec ses mélanges rusés de loyal et de frelaté. La phrase sans doute la plus équivoque est celle qui clôt le reportage : L’église doit s’adapter, être vivante, à l’écoute du monde. Le vrai et le faux s’y mêlent diaboliquement. In cauda venenum ! Vous vous demanderez après cela s’il a l’appui de son évêque ? Cette question ! ! Au cours de la consécration épiscopale d’avant la débandade conciliaire, le consécrateur interrogeait le futur évêque : Rejetez-vous et anathématisez-vous toute hérésie qui s’élève contre la Sainte Église catholique ? On répondait évidemment Oui. Mais depuis que les sacrements sont servis au rabais, allez savoir !

Par contre, ce qui n’est pas au rabais, c’est l’intolérance allergique de cet évêque contre tout ce qui rappelle les vingt siècles de vie de l’Église catholique. Vous lirez ailleurs dans ce bulletin quelques propos sur son départ prévu, annoncé, attendu, espéré. Quand un terroir a été dévasté, le ravageur ne peut que se replier ailleurs. On a souvent affirmé que le « père évêque » (surnom qu’il affectionne) était ouvert au dialogue. Oui, à la condition d’être protestant, musulman, fétichiste, bouddhiste, athée, que sais-je encore, mais n’avouez jamais que vous êtes catholique, attaché à marcher sur la trace des saints de jadis : le guichet entrouvert se referme sec. Par loyauté tant envers Dieu qu’envers les fidèles , il vaudrait sans doute mieux aller s’établir imam, ayatollah, gourou ou n’importe quelle autre dignité étrangère à l’Église. Ses zélateurs lui donnent du « père » bien à tort. S’il était vraiment un père pour son diocèse, il accueillerait chacun avec une égale amitié, une même évangélique charité. On en est loin et les noises toutes récentes qui l’ont emballé contre plusieurs prêtres fidèles sont intolérables… Que penser d’un évêque capable de dire aux éditeurs de bulletins paroissiaux : Ne présentez pas l’Église comme détentrice de la vérité absolue […] Vous n’êtes pas les porte-parole d’une vérité unique et figée. […] l’Église est un lieu d’échange et de recherche. Cette navrante consigne est de Mgr Noyer, relatée par Monde et Vie, qui la tient d’un bulletin paroissial de Lille. (Monde et Vie, 14, rue Edmond-Valentin, 75007 Paris).

Comptez tout de même sur une consolation : l’Église conciliaire est en voie d’extinction, et il n’y a qu’une incertitude : quand et comment la flamme rejaillira-t-elle des cendres amoncelées depuis le dernier concile ?
Ne me demandez pas la réponse ; c’est le secret du Saint-Esprit, qui attend nos prières et nos efforts.


Geoffroy Asselin

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